Avis : Isahit, une plateforme de "jobbing" socialement responsable
Les faits : Lancée cette année par Isabelle Mashola et Philippe Coup-Jambet, Isahit est une plateforme d'externalisation de microprojets numériques d'entreprises françaises vers des travailleurs défavorisés en Afrique. En 2017, elle prévoit de s'implanter dans 10 pays africains francophones et anglophones.
Des femmes au foyer ou de jeunes étudiants en bourse chargés, par des interposés informatiques, du traitement de texte, de la modération ou du classement des factures pour le compte d'entreprises souhaitant externaliser ces tâches : c'est le principe du "jobbing", né en 2008 dans la tête d'une Américaine, Leah Busque, qui cherchait quelqu'un pour acheter les croquettes de son chien.
Elle a ensuite créé Runmyerrand ("Do my Errands" en anglais), rebaptisé depuis TaskRabbit, comme le racontait le quotidien français Les Échos en 2014. En dix ans les modèles analogues ont essaimé : YoupiJob, Frizbiz, Jemepropose, IFastask, MonAbeille...
Et pendant six mois, Isahit Trieste tente de reproduire ce modèle sur le continent, en commençant par l'Afrique francophone. Ils sont deux à l'initiative de cette entreprise qui vise à recruter environ 10 000 "travailleurs" au Sénégal (Dakar), en Côte d'Ivoire (Abidjan), au Burkina (Ouaga), au Congo-Brazzaville (Pointe Noire) et au Cameroun (Yaoundé), via des incubateurs ou des Fablabs - ces laboratoires de fabrication numérique.
Il s'agit d'Isabelle Mashola, ancienne directrice informatique chez Cisco, le spécialiste américain des serveurs, et Dell, le célèbre fabricant de PC, et de son compagnon Philippe Coup-Jambet, spécialiste des fintech (innovation dans les services financiers) qui a participé à la création de plusieurs start-up numériques.
Plusieurs centaines de recrutements
Pour l'instant, une vingtaine de femmes participent à la réalisation de micro-tâches telles que la modération de contenus ou de commentaires sur des sites web ou annotation d'images dans des banques de données. Par exemple, au Cameroun, les femmes qui vont travailler sur les marchés le matin feront ensuite, l'après-midi, les micro-tâches proposées sur Isahit. Au Sénégal, des étudiants n'auraient pas eu les moyens de payer leurs études autrement. Au Togo, des artisans, et au Burkina, une étudiante qui n'a pas pu assurer sa troisième année de comptabilité. Plusieurs centaines d'autres seront recrutées dans les mois à venir.
"Isahit" - mot anglais Game "is a hit" et "human intelligence task" - veut couvrir tout ce que la machine ne peut pas faire. Le terme est également utilisé par Amazon Mechanical Turk dont le principe est assez similaire. Sauf que les niveaux de rémunération des 500 000 "turkers" d'Amazon sur sa plateforme sont fortement critiqués - la moitié d'entre eux perçoivent moins de 7,25 dollars, le salaire minimum horaire aux États-Unis selon le site TechRépublic.
http://www.lopinion.fr/edition/international/isahit-plateforme-jobbing-socialement-responsable-s-implante-en-117150
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