Le numérique, un levier d'indépendance pour les femmes
J'ai une piscine avec Simone Des femmes mises en lumière, des modèles avec lesquels les générations Y et Z vont se construire. Découvrez l'interview deIsabelle Masholacofondateur d'Isahit réalisé par Sophie Dancourt, fondatrice et rédactrice en chef de I have pool with Simone.
"Isahit n'est pas une armée de petites mains invisibles, mais plutôt une communauté active, enrichissante, multiculturelle, apprenante, centrée sur l'accomplissement des projets professionnels de nos femmes. Ou comment transformer les dérives sociales du travail numérique en une équation positive pour tous. Les récits de vie qui nous reviennent de nos hôtesses nous poussent chaque jour un peu plus loin. "Isabelle Mashola, directrice générale et cofondatrice d'isahit.
Avez-vous fait votre carrière dans de grands groupes ?
Je suis ingénieur de formation. A la sortie de mon école je suis allé faire un stage à Londres. EDS une boite américaine cherchait des ingénieurs qui parlaient bien anglais et dans les années 80 ce n'était pas courant. J'ai travaillé à Londres et en Allemagne, après je suis allé chez CISCO ou je suis resté 13 ans dans des fonctions de business intelligence. Puis après j'ai rejoint Dell dans les fonctions IT et marketing. En 2009 je suis retourné chez Publicis, ma première expérience de grande structure française où j'étais directeur informatique.
Le discours actuel sur les femmes et le numérique vous parle donc ?
Je suis active dans deux associations pour booster les femmes sur le numérique. Je trouve très dommage, 30 ans après ma sortie de l'école, qu'il y ait encore si peu de femmes. Cela continue d'être très macho dans le digital. Quand j'étais chez Publicis, je dirigeais des équipes de 400 personnes. En permanence, je me battais pour que nous ne fassions pas de lourdes réflexions. Quand j'ai commencé ma carrière, je portais des jupes mais plus aujourd'hui !
"Recruter une fille dans un conglomérat de mecs moyennement polis et qui font des réflexions à deux balles, c'est très compliqué !"
Vous étiez une pionnière. Comment avez-vous combattu ce sexisme il y a 30 ans ?
Je n'ai pas ma langue dans ma poche. Si je marche sur mes pieds et je marche sur mes pieds ! J'ai pu répondre poliment en ne revenant pas au jeu des petites réflexions. J'ai une certaine confiance en moi. J'ai travaillé deux ans en Allemagne. En 89, il y avait très peu de femmes au travail car il n'y avait pas d'infrastructure pour garder les enfants avant qu'ils n'aillent à l'école. Pendant les réunions, on me regardait quand quelqu'un voulait un café. Et je disais : "La machine est la prochaine !" Mais je ne veux pas dépeindre la situation en noir, car cela n'empêche pas de faire carrière. Ce qu'il faut éviter, c'est d'entrer dans un jeu où l'on se comporte de la même manière.
Cela veut-il dire rester seul ?
Il faut rester ferme sur la place. Il ne faut pas devenir un homme BIS. Nous avons des sensibilités et des compétences différentes, c'est ce qui fait la diversité d'une équipe. Pour les jeunes générations, il y a plus de femmes à des postes techniques. J'ai eu peu de modèles, et ceux que j'ai eus étaient des Américains pires que les hommes chez CISCO et DELL. C'était le même type de femme, mariée, travaillant 23h/24 et n'ayant aucune empathie. Mon expérience a été plus désagréable avec les femmes qu'avec les hommes, et je ne voulais pas devenir comme elle !
C'est pour cela que vous avez choisi de changer de vie professionnelle ?
Le pourboire ne se fait pas en un jour. J'ai toujours été une personne très entière avec des valeurs personnelles très fortes. L'injustice, le respect, l'égalité, le partage, c'est important pour moi. Quand je suis chez CISCO, j'ai 30 ans, c'est une boîte qui monte, je veux progresser. Il y a des choses qui me plaisent moyennement, mais ma priorité c'est d'avoir une promotion, plus de responsabilités. À 40 ans, j'ai d'autres ambitions. J'ai un enfant, je suis plus mature. Et je supporte de moins en moins qu'on bouscule mes valeurs. L'entreprise est devenue de plus en plus dure. Il y a une tension assez forte et je l'acceptais de moins en moins.
Comment est née Isahit ?
Un de mes amis a créé un fonds de dotation il y a dix ans. Avec l'idée d'aider les jeunes entrepreneurs, les femmes en Afrique. Au Burkina Faso, des séchoirs ont été achetés à des transformateurs de céréales pour travailler pendant la saison des pluies. Et au Cameroun, des machines à coudre à des couturières. Nous avons travaillé avec des ONG qui gèrent les premières urgences (nourriture, soins). Mais une fois cette étape passée, qu'est-ce qui vous permet d'avoir un avenir ? Nous sommes convaincus que c'est le travail ! Le monde change. On passe d'une organisation verticale à une organisation horizontale, et il y a la "geek economy". C'est sur toute cette réflexion qu'est née l'idée d'Isahit. Une plateforme qui permet de donner du travail à des personnes éloignées. Nous avons choisi l'Afrique et uniquement les femmes car je suis convaincue que le numérique est un véritable levier d'autonomie et d'indépendance financière pour les femmes. Sans éducation numérique, ce sont encore les femmes qui vont boire !
"Aujourd'hui, 2 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour, dont 70 % sont des femmes.
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