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12 mai 2019

Le numérique peut aider les femmes à atteindre leurs objectifs

12 mai 2019

Le numérique peut aider les femmes à atteindre leurs objectifs

Favoriser l'émancipation des femmes dans les pays émergents en leur confiant des missions numériques, c'est l'idée de la start-up Isahit, l'un des lauréats des Challenges RSE 2019.

C'est l'histoire d'une ingénieure informatique qui, après avoir réussi à briser le plafond de verre dans un secteur très masculin, a voulu aider d'autres femmes à s'émanciper par leur travail. Après une carrière très réussie à des postes à responsabilités chez Cisco, Dell puis Publicis, Isabelle Mashola, à peine la cinquantaine, a décidé de quitter le confort du travail en 2016 : "L'envie de changer ne surgit pas un matin au réveil, elle construit son nid petit à petit. Après ma démission, j'ai refusé un premier emploi, puis un deuxième, puis j'ai travaillé en tant que freelance. Mais ce n'était pas suffisant pour moi. C'est un voyage en Afrique et la rencontre de son associé, Philippe Coup-Jambet, un "serial entrepreneur", qui ont permis de rassembler les pièces du puzzle d'Isahit, une start-up spécialisée dans l'externalisation de tâches informatiques.

L'Express valorise la contribution des femmes à l'économie.

"Lorsque j'étais encore salariée, je me suis investie avec un groupe d'amis dans une petite association qui achetait des machines à coudre pour des jeunes femmes vivant au Cameroun et au Burkina Faso, afin de leur permettre de développer leur activité professionnelle. Après avoir rencontré certaines de ces femmes chez elles, j'ai compris que "donner", c'est bien, mais que le plus important dans une vie, c'est le travail. Et c'est par le travail que les femmes des pays émergents peuvent s'émanciper et contribuer au développement économique de leur pays. Ainsi est née Isahitco-fondéeavec sa compagne en janvier 2017.  

Micro-tâches numériques

L'idée est simple : une plateforme en ligne qui offre un travail non robotisé mais chronophage à des jeunes femmes qui étaient auparavant inactives parce qu'elles ne parvenaient pas à trouver un emploi ou à poursuivre leurs études. Aujourd'hui, la start-up emploie plus de 1 000 femmes dans 23 pays différents ; 90 % d'entre elles sont diplômées de l'université, avec un âge moyen de 26 ans. " Nos clients sont des entreprises ayant des projets numériques à externaliser dans le domaine de l'intelligence artificielle ou du traitement des données, explique Isabelle Mashola. Parmi eux, de grands noms comme Adecco, Airbus, Engie, La Poste, L'Oréal ou encore Sodexo, à qui elle propose différents packages adaptés à leur mission et à leurs délais.  

" Notre plateforme découpe les projets en micro-tâches digitales, puis nous proposons aux femmes membres de notre réseau de réaliser ces missions, en ligne, si nécessaire après une formation. Ces micro-tâches peuvent prendre différentes formes : saisie de factures, formation au chatbot (robot conversationnel), détourage d'images, modération de contenus, etc. L'organisation est très fluide : d'une part, les clients d'Isahit, soit plus de 150 entreprises différentes, intègrent leurs projets sur la plateforme, et d'autre part, les " travailleurs " ou " héritiers " choisissent les missions qui les intéressent, pour lesquelles ils seront rémunérés en fonction du temps passé. A quel tarif ? "285 euros pour 100 heures de travail, quels que soient la mission et le pays de résidence".

Un revenu supplémentaire

Loin des standards européens, le PDG d'Isahit en convient : "Mais si l'on compare ce tarif au salaire moyen dans les pays émergents, environ 150 euros par mois, le travail est bien rémunéré. Surtout, nous ne voulons pas que cette activité devienne pérenne, elle doit rester une source de revenu complémentaire pour ces femmes. Comme une main tendue à un moment de leur vie, qui leur permet de poursuivre leurs études ou de gagner en autonomie par rapport à leur famille. De même, 5% du chiffre d'affaires d'Isahit doit servir à financer des formations et des équipements numériques pour les femmes les plus défavorisées, qui peuvent utiliser les hubs locaux avec lesquels des partenariats sont formalisés pour travailler.  

Isahit est donc une startup numérique et citoyenne - un profil qui a séduit le jury des défis RSE dirigé par Nora Barsali, fondatrice de News RSE et des Trophées du même nom : " Nous avons été frappés par la maturité du projet d'Isabelle Mashola, car en très peu de temps, il a réussi à se déployer à l'international dans plus de 20 pays aux cultures très différentes. De plus, Isahit compte déjà 130 clients, petits et grands, en seulement deux ans. Enfin, nous pensons que ce type de projet, qui permet aux femmes des pays émergents de développer leurs compétences, peut promouvoir l'entrepreneuriat local.

Et faire des bénéfices ? Aujourd'hui, nous ne sommes pas rentables", admet Isabelle Mashola, qui a basé son modèle économique sur le matchmaking. Mais le marché potentiel est énorme - 50 milliards de dollars en 2023 pour le seul secteur de l'intelligence artificielle. De quoi transformer la start-up en entreprise pérenne ? L'entrepreneuse, qui a déjà créé 14 emplois à Paris, est en train de lever des fonds pour accélérer le développement de la plateforme.

Source : Express - Expansion

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