La Tribune - "Réduire la pauvreté par le biais d'un emploi équitable, telle est la mission d'isahit".
Après une carrière réussie en tant que responsable des systèmes d'information dans de grandes entreprises, Isabelle Mashola a décidé qu'il était temps de mettre son expérience professionnelle à profit de manière responsable. C'est ce qu'elle a fait en créant Isahit, une plateforme équitable pour externaliser des tâches numériques à de jeunes étudiantes ou entrepreneuses en Afrique. Un véritable coup de pouce pour l'autonomisation des femmes africaines et un impact réel contre la pauvreté.
Les carrières, même brillantes, ne suffisent pas toujours à l'épanouissement professionnel, et on a beau avoir travaillé pour les plus grands groupes et avoir la cinquantaine bien entamée, il manque parfois ce petit quelque chose, celui qui correspondrait enfin à ses valeurs et peut-être aussi à une certaine philosophie de vie. C'est l'état d'esprit dans lequel se trouve Isabelle Mashola en 2014, alors directrice des systèmes d'information chez Publicis, alors que les questions sur le sens de la vie et surtout sur ce que l'on en fait, prennent de plus en plus d'importance."Je ne peux pas dire que j'étais absolument malheureuse dans mon travail, mais chaque tranche de vie a ses propres défis. Cette période a été un peu un bilan professionnel pour moi. De poste en poste, j'avais gravi la pyramide, mais je me suis rendu compte que le pouvoir pour le pouvoir ne me motivait pas. Ce qui compte vraiment pour moi, c'est l'apprentissage. Mes valeurs personnelles d'équité, d'honnêteté, de serviabilité et de non-violence s'éloignaient du monde de l'entreprise, dont l'évolution vers une forme de violence et d'irrespect de l'autre n'avait plus de sens pour moi. Pour moi qui crois profondément à la force du groupe, la situation n'était pas vraiment en harmonie. Une harmonie qu'Isabelle tente aujourd'hui de retrouver. L'idée du changement mûrit, et les actions extérieures se multiplient, comme son soutien à un fonds de dotation qui aide les jeunes femmes d'Afrique à devenir indépendantes. En partant au Cameroun, Isabelle réalise que la tâche est immense et prend conscience de l'utilité et de la responsabilité que ses expériences professionnelles peuvent finalement avoir, au moins dans une dimension sociétale et fondamentalement humaine. Le processus de maturation arrive à son terme, et Isabelle décide de quitter Publicis.
Le temps d'une pause, de deux refus de postes (" je ne reprenais pas le chemin que je venais de quitter "), de missions en conseil d'administration, et avec le soutien de son compagnon (lui-même " serial entrepreneur "), Isabelle décide de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale. " Nous sommes partis de rien. Il y a cette longue période de tunnel dans laquelle on ne voit pas la lumière. On construit, puis on déconstruit ; Brainstorming en brainstorming, on avance, on fait tester le concept à son entourage, on construit un business plan et finalement on finit par entrevoir la lumière. Il est extrêmement important de tester l'idée, d'échanger. Le passage de l'idée à la création est difficile, il faut de l'énergie et de l'audace ! rappelle celle qui, en juillet 2015, a créé Isahit, une plateforme équitable offrant du travail à des jeunes femmes en Afrique et qui, par ce biais, permet aux grandes entreprises d'externaliser une partie de leur activité numérique.
Parce qu'au départ, c'était l'idée : comment aider ces jeunes femmes africaines, souvent en situation précaire, à poursuivre leurs études, à développer leur petite entreprise ou leur commerce, en tout cas à s'émanciper. La fracture numérique est peut-être terrible dans certaines régions du monde. Mais je suis de ceux qui sont convaincus que le numérique est un levier de liberté pour les femmes.
En pratique, toutes les tâches numériques, la plupart du temps chronophages pour les entreprises, Isahit se charge de l'éthique responsable et durable. Les clients qui sont souvent des startups mais pas seulement - Isahit compte des écoles, un loueur de voitures, une banque en ligne - sont eux-mêmes à la recherche d'achats responsables. Ces tâches sont de trois types : saisie et validation des données, modération et transcription, identification et catégorisation des contenus. Des prestations qui ne nécessitent pas de qualification mais une intervention humaine.
Les jeunes femmes sont évidemment formées en amont, car évidemment, et par manque de moyens, elles n'ont pas les codes du digital native. Nous leur fournissons le matériel utile, leur trouvons un lieu où elles peuvent se connecter et travailler. Nous recrutons au Cameroun, au Sénégal, au Burkina Faso ou au Congo, des femmes qui ont besoin de ce travail pour soit terminer leurs études, soit créer leur entreprise ou viable. Nous les accompagnons dans leur histoire. C'est ça l'objectif de réduire la pauvreté par l'emploi équitable. Et donc, l'argent qu'elles gagnent grâce à Isahit, doit être réinjecté dans leur projet avec comme but ultime, leur indépendance.
Éducation, professionnalisation, autonomisation des travailleuses africaines... autant d'objectifs qui font d'Isahit une partie d'un concept d'externalisation éco-responsable queIsabelle Mashola entend étendre à d'autres pays comme le Rwanda et le Togo. "Aujourd'hui, j'utilise mon expérience professionnelle à des fins durables. Au sein de l'équipe, qui compte désormais 8 personnes, nous partageons les mêmes valeurs et Isahit est en passe d'avoir un impact social réel et mesuré". Un bon début pour celle qui, lorsqu'elle a lancé son entreprise, se disait : "au pire, ça ne marchera pas". Une belle leçon de positivisme.
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