Quand le numérique réconcilie entreprise et impact social | isahit
La fracture numérique est un enjeu majeur pour les populations défavorisées. L'enjeu est de donner naissance à un modèle pour développer les compétences, connecter les gens entre eux et améliorer les conditions de vie des populations des pays émergents grâce au numérique. Demain, le travail sera majoritairement numérique et il faudra apprendre " à l'instant " grâce aux nouvelles technologies.
Cette vision s'articule autour de plusieurs valeurs : un monde juste et équitable qui offrirait les mêmes opportunités à tous et qui s'appuierait sur la technologie et l'Internet pour redistribuer le travail à impact social et ainsi contribuer à réduire la pauvreté des pays émergents et leur permettre de se connecter au monde numérique de demain.
La Fondation Rockefeller définit l'Impact Sourcing comme "une pratique d'inclusion sociale par l'emploi, par laquelle des sociétés donnent du travail à des jeunes issus de milieux défavorisés." L'impact sourcing se distingue du sourcing traditionnel (qui consiste à externaliser tout ou partie de l'activité d'une entreprise pour éviter les coûts) par son impact sur la société, en favorisant l'inclusion sociale des personnes les plus éloignées de l'Emploi. En français, "Impact sourcing" se traduit par "externalisation socialement responsable". Selon une étude réalisée par le groupe Everest, les travailleurs de l'Impact sourcing seraient plus motivés, plus loyaux, et la qualité du travail serait supérieure à celle de l'externalisation traditionnelle.
Malgré son impact social important, l'Impact sourcing ne coûte pas plus cher aux entreprises qui externalisent puisqu'il est compétitif par rapport à l'externalisation traditionnelle en offrant les mêmes services aux mêmes tarifs et avec une qualité identique. Les entreprises qui utilisent l'Impact Sourcing bénéficient d'un double avantage : un excellent rapport qualité-prix et l'avantage de participer à un projet responsable qui peut faire partie de leur politique RSE - responsabilité sociale des entreprises.
Ce marché de l'externalisation socialement responsable s'élève à 20 milliards de millions. C'est un marché qui croît beaucoup plus vite que celui de l'externalisation classique avec une croissance annuelle de 25%. Les tâches numériques représentent actuellement 20% de ce marché et atteindront 80% de part de marché en 2020.
L'apport des plateformes de crowdsourcing - faire appel au grand public ou à des professionnels indépendants pour proposer et créer des éléments de la politique marketing (choix de la marque, création de slogan, création de vidéo,...) - à impact social pourrait y contribuer.
De nombreuses initiatives de ce type existent dans le monde.
Par exemple, Isahit, une jeune start-up française, s'est récemment lancée sur le marché de l'Impact Sourcing et de l'externalisation en Afrique en faisant travailler des personnes en situation précaire, principalement des femmes qui vivent en dessous du seuil de Pauvreté fixé à 2$/jour. Isahit se positionne comme un complément de revenu qui permet, pour un temps de travail de 3 heures/jour, de gagner 250 €/mois.
Ce revenu complémentaire leur permet de réaliser un projet professionnel comme créer un commerce local ou reprendre leurs études. De plus, ces personnes sont accompagnées par des formations numériques proposées pour leur permettre de s'approprier les outils du numérique, d'Internet et les codes du monde du travail. Elles sont encouragées à sortir de l'économie informelle par leur bancarisation et en se déclarant auto-entrepreneur local.
Six critères sont ici pris en compte : la famille, l'éducation, l'emploi et le revenu, la santé, le logement et le développement personnel. Ces critères permettent de mesurer l'impact sur la vie de ces auto-entrepreneurs avec la méthode sociale ROI - Return on investment ou ROI en français. En effet, il est démontré que pour 1$ de rémunération versée, 4$ sont injectés dans l'économie : cet argent est en effet dépensé et alimente directement l'activité dans le pays - visite chez le médecin, enfants scolarisés, participe à l'impôt (TVA, impôt sur le revenu, etc.).
L'impact social associé au numérique ancré dans le terrain est une formidable opportunité avec des résultats concrets et mesurables dans les pays émergents en cette période où les migrants font l'actualité.
Neuf mois après son lancement, avec un catalogue de plus de 100 types de tâches numériques telles que la modération de contenu, la saisie de données ou annotation, avec une centaine de personnes originaires du Cameroun, du Congo, du Burkina Faso, de la Côte d'ivoire, du Sénégal et du Mali qui travaillent sur la plateforme, Isahit a pour objectif de donner du travail à plus de 30 000 personnes d'ici trois à quatre ans et d'avoir ainsi un impact social sur plus de 100 000 personnes originaires des pays émergents.
Isabelle Mashola, PDG et cofondatrice d'ISAHIT
Retrouvez l'article en cliquant sur ce lien → Http://bit.ly/2xnZPn8.
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