Vous avez certainement déjà entendu parler de l'"impact sourcing", mais savez-vous ce que c'est ?

La Fondation Rockefeller définit l'impact sourcing comme "une pratique d'inclusion sociale par l'emploi, par laquelle des sociétés donnent du travail à des jeunes issus de milieux défavorisés". L'impact sourcing se distingue du sourcing traditionnel (qui consiste à externaliser tout ou partie des activités d'une entreprise pour éviter les coûts) grâce à son impact sur la société, en favorisant l'inclusion sociale des personnes les plus éloignées de l'emploi. L'impact sourcing est né d'un changement de paradigme dans la lutte contre la pauvreté et d'une volonté de réduire les inégalités par le travail. En français, "Impact sourcing" se traduit par "externalisation socialement responsable".Selon une étude réalisée par le groupe Everest en 2014, les travailleurs de l'impact sourcing seraient plus motivés, plus loyaux, et la qualité du travail serait supérieure à celle de l'externalisation traditionnelle.

L'impact sourcing implique généralement l'externalisation de services informatiques ou de données administratives, bien que la R&D et d'autres services puissent être impliqués. Malgré son impact social important, l'impact sourcing ne coûte pas plus cher aux entreprises qui externalisent puisqu'il est compétitif par rapport au sourcing traditionnel en offrant les mêmes services aux mêmes tarifs et avec une qualité identique. Les entreprises qui ont recours à l'impact sourcing bénéficient d'un double avantage : un excellent rapport qualité-prix et l'avantage de participer à un projet responsable qui peut s'inscrire dans leur politique de RSE. Trois entreprises nord-américaines se partagent le marché de l'impact sourcing et sous-traitent principalement en Inde et en Afrique anglophone.

Isahit, une jeune start-up française, s'est récemment lancée sur le marché de l'impact du sourcing et de l'externalisation en Afrique par des travailleurs en situation précaire, principalement des femmes. La plateforme Internet met en relation des travailleurs socio-économiquement défavorisés des pays d'Afrique francophone avec des entreprises françaises qui cherchent à externaliser une partie de leurs activités numériques. Isahit est destinée aux personnes vivant sous le seuil de pauvreté fixé à 2 dollars par jour. Une centaine de personnes travaillent pour isahit en Afrique, ce sont des "hiteuses". Les hiteuses travaillent sur des tâches numériques qui peuvent être aussi variées que l'analyse de données, la recherche d'informations ou la modération de contenus.Isahit se positionne comme un complément de revenu qui permet, avec un temps de travail de 3 heures/jour, de gagner 250 €/mois. Ce complément de revenu permet aux hiteuses de réaliser un projet professionnel tel que la création d'une entreprise ou la reprise d'études. La force d'isahit réside dans l'accompagnement de ses hiteuses, des formations sont proposées aux hiteuses pour leur permettre de s'approprier les outils du numérique, d'Internet et les codes du monde du travail. La fracture numérique est un gros problème pour les populations défavorisées, notamment pour les femmes. Isahit propose également un accompagnement personnalisé dans chaque pays, un " Huber " est le référent d'Isahit et permet de faire le lien entre l'équipe parisienne et les hiteuses. Isahit encourage les hiteuses à sortir de l'économie informelle par leur bancarisation et leur auto-entrepreneuriat.

Le cabinet KIMSO, spécialisé dans la mesure de l'impact social, a défini avec Isahit 6 critères pour mesurer son impact : famille, éducation, emploi et revenu, santé, logement et développement personnel. Ces critères sont utilisés pour mesurer l'impact concret d'isahit dans la vie des hiteuses avec la méthode SROI.

Grâce à leur travail sur la plateforme Isahit, les Hiteuses ont pu partager leur expérience :

« Je suis un étudiant en master de comptabilité. Grâce à mon travail avec Isahit, j'ai pu payer ma deuxième tranche de frais de scolarité. " Mary N. Bafoussam, Cameroun

« Grâce à mon travail avec Isahit, j'ai créé ma structure "Hope Consulting & Services" avec laquelle je fournirai une assistance et des conseils comptables." Diane N. Abidjan, Côte d'Ivoire